C’est toujours un évènement que les commerçants attendent avec impatience ! On ne peut pas le traiter par l’indifférence parce que 61 % des Français ont déclaré vouloir se rendre au magasin c’est donc encore un évènement attendu, explique Eric Mertz, le président de la fédération Allure.
Il faut se rendre à l’évidence, on a enchainé crise sur crise : après la crise des gilets jaunes, la crise de la réforme des retraites qui a débouché sur une grève des transports puis la pandémie…en sachant qu’on sortait déjà d’une décennie très difficile où le secteur d’activité avait perdu à peu près 15 % de son chiffre d’affaires.
Je rappelle que le secteur de l’habillement, du textile et de la chaussure n’a bénéficié d’aucun plan de soutien spécifiquement ciblé. Donc oui, il y a des raisons de s’inquiéter d’autant plus que les prêts garantis par l’État arrivent prochainement à échéance.
L’impact de l’inflation.
Beaucoup de marques avaient temporisé cette inflation qui existe depuis deux ans sur un certain nombre de matières premières. Là, elle est beaucoup plus prégnante : elle touche à la fois le cout du transport, le cout des matières premières, le cout de la confection… donc on peut s’attendre effectivement à une hausse des prix sur 2022 comprise entre 8 et 10 pour cent que ce soit pour les enseignes où les indépendants…
Nous ne pourrons pas faire l’impasse sur une hausse des prix, d’autant plus que nos bilans sont totalement exsangues et que nous devons aussi faire face à un certain nombre d’investissements comme par exemple la rénovation énergétique de nos points de vente bref c’est une situation cornélienne.
Les soldes, un rite social qui se délite.
Les soldes ont été un rite social. Je crois que la multiplication des promotions tout au long de l’année a dénaturé la notion de juste prix. Les consommateurs ne sont plus aujourd’hui en mesure de savoir ce qui est un juste prix ! Est-ce que c’est un prix barré ? Ou est-ce que c’est un prix affiché ?
Je constate que, cette année, les ventes privées non pas du tout font recette. Si l’on compare 2022 avec 2019 qui est une année de référence, on est sur un repli de plus de 60 % en termes de chiffre d’affaires et de trafic. Donc on voit bien que là on touche au bout d’un modèle économique, pour les gens, le textile, l’habillement, la chaussure ce n’est plus une priorité !
À nous de trouver les moyens de réenchanter cette consommation et je crois que l’avenir de la filière passera par la relocalisation, l'écoconception, la production locale… Il va falloir apprendre à vendre un peu moins, mais mieux, des articles de qualité avec plus de conseils et une plus forte valeur ajoutée.